la 8ème circonscription des Hauts-de-Seine est la plus disputée par le nombre de postulants
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Affluence record

C’est la circonscription des Hauts-de-Seine la plus disputée par le nombre de postulants qu’elle draine : pas moins de dix-neuf candidats se présentent face aux électeurs, comme aimantés par les communes pour la plupart cossues qui la composent. Parmi eux, un membre du Parti pirate qui fait ses premiers pas dans le paysage politique français. Un parti qui « prône un accès libre et égal pour tous à la culture, la connaissance et l’information, et appelle à une réforme profonde du droit d’auteur ». Autre curiosité de cette circonscription, la présence d’un candidat royaliste. Quant à la gauche de la gauche, elle apparaît aussi à travers Lutte ouvrière et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), proportionnellement bien représenté dans le département, notamment grâce à la présence comme facteur à Neuilly d’Olivier Besancenot.

19 CANDIDATS EN LICE

Emmanuel Sala (SE), Jean Grillard (SE), Anne Le Baut (FN), Christophe Paillard (Alliance Royaliste), Michel Becq (DLR), Catherine Lime-Biffe (PS), Nadia Mordelet-Carrière (Centre), Lydia Vieira (Alliance écologiste), Jean-Jacques Guillet (UMP), Catherine Candelier (EELV), Naïma Moghir (SE), Philippe Henique (LO), Stéphane Castera (Parti Pirate), Nicolas Tardieu (CAP 21), Romain Chetaille (DVD), Louise Beniere (SE), Dominique Rabany (FG), Renaud Bouchard (DVD), Miguel Segui (NPA).

Ecologistes et socialistes livrent la bataille des Catherine

Ce n’est qu’une bataille électorale, en aucun cas la guerre entre les deux Catherine de gauche : Catherine Lime-Biffe, 35 ans, chef de file des socialistes de Chaville, et Catherine Candelier, 42 ans, conseillère municipale EELV d’opposition à Sèvres. L’une comme l’autre se sont juré un désistement sans condition au soir du premier tour pour celle qui sera en tête. « Nous avons un accord national et nous gouvernons ensemble. Il n’y a aucun souci », assure Catherine Lime-Biffe. Catherine Candelier abonde dans le même sens : « Ce désistement républicain est pour moi une évidence. » Dans le même optimisme, les deux femmes se prennent à rêver d’une victoire de la gauche : « La gauche a fait 45% au deuxième tour de la présidentielle, ça n’était pas arrivé depuis Mathusalem », sourit Catherine Lime-Biffe. Catherine Candelier appuie : « C’est exact et nos candidats écologistes ne cessent de progresser, comme aux cantonales l’année dernière. »

Avant d’en arriver au soir du 10 juin, les deux femmes font campagne, chacune dans leur genre : « Je ne fais pas de porte-à-porte. Je suis plutôt présente sur les marchés et nous distribuons beaucoup nos programmes dans les boîtes aux lettres », évoque Catherine Candelier. Chez son homologue socialiste, on reprend ce qui a fait le succès de la campagne Hollande : le porte-à-porte. « Rien ne vaut le contact direct avec les électeurs », considère Catherine Lime-Biffe.

De cette campagne, l’écologiste et la socialiste tirent des enseignements voisins sur les aspirations des habitants de la circonscription : « Ils s’inquiètent évidemment sur les questions de logement », avance la chef de file socialiste de Chaville. Pour Catherine Candelier, c’est un sujet qui revient régulièrement dans les conversations : « Le souci, c’est que les jeunes ont du mal à rester dans leurs communes d’origine car ils n’en ont pas les moyens compte tenu du prix des loyers ou des acquisitions, note la candidate EELV. Et puis il y a les familles qui s’agrandissent et qui ne peuvent plus se loger compte tenu du coût de l’immobilier. »

Sur leur principal concurrent, le sortant UMP Jean-Jacques Guillet, les propos sont plutôt modérés : « Jean-Jacques Guillet, je le connais depuis des lustres, relève Catherine Candelier, il était déjà élu de Sèvres quand j’ai siégé pour la première fois au conseil municipal. J’avais 19 ans à l’époque. Et depuis cette période, il n’a pas acquis une grosse notoriété. »

« Jean-Jacques Guillet fait partie de beaucoup de groupes d’amitié ceci ou cela, mais on ne le voit pas beaucoup à Chaville », tacle sa consœur.

Et de quatre pour Guillet ?

Elu pour la première fois en 1993 comme député de la circonscription, Jean- Jacques Guillet (UMP), 65 ans, repart au combat pour briguer un quatrième mandat consécutif. Elu maire de Chaville en 2008 après avoir pris la ville à la gauche, ce passionné d’histoire sait qu’il est dans une bonne passe. Même en étant défait par François Hollande, Nicolas Sarkozy est arrivé largement en tête sur les six communes de sa circonscription, avec 55% des voix. Pour autant, Jean- Jacques Guillet se refuse à considérer la partie comme gagnée : « Il faut respecter les électeurs, c’est très important, estime cet ex-proche de Charles Pasqua. Dans ma famille politique, certains pensent que les réunions publiques ne servent à rien, et bien moi je ne suis pas du tout d’accord avec ça. C’est au contraire un bon moyen d’échanger avec les électeurs. » Le député UMP sortant a ainsi organisé une réunion publique dans chaque ville de la circonscription et une supplémentaire à Meudon-la-Forêt, compte tenu de la spécificité de ce quartier populaire, détonnant dans cette circonscription huppée.

« Les personnes que je rencontre ne se trompent pas d’élection, avance Jean-Jacques Guillet. Ils savent bien qu’ils vont élire des législateurs. Ils ne mettent pas en avant des sujets municipaux mais des questions qui concernent directement ceux qui votent les lois. Ça tourne généralement autour de l’éducation, du logement, de la formation des jeunes. »

Sur « sa » circonscription, le maire de Chaville ne constate pas de traumatisme post-présidentielle : « On est déjà dans la reconquête et la reconstruction. Les gens viennent nous voir pour nous dire : Il faut y aller, on compte sur vous, relate l’élu. Notre électorat est mobilisé. Il y a une volonté de résistance. Il y a même peut-être une mobilisation supérieure à ce qu’elle était pendant la campagne des présidentielles. »

A ceux qui trouvent Jean-Jacques Guillet distant et peu passionné par le travail de terrain, sa suppléante, Virginie Lanlo, adjointe au maire Nouveau Centre aux affaires scolaires, s’inscrit en faux : « Ce n’est qu’une impression. J’ai pris la succession de Christiane Barody-Weiss, maire de Marnes-la-Coquette et vice-présidente du conseil général, qui était sa suppléante, et je ne constate pas ça du tout, affirme l’élue. A chaque fois qu’on se déplace, à Chaville, bien entendu, où il fait un travail considérable depuis 2008, comme dans les autres communes, les gens le connaissent et le reconnaissent. »

Un brin paternaliste, Jean-Jacques Guillet n’a pas de mots déplaisants à l’égard de ses concurrents. Il se souvient des premiers pas politiques de l’écologiste Catherine Candelier : « Je l’ai accueillie au conseil municipal de Sèvres. Elle venait d’avoir 19 ans. » Quant à la chef de file du PS à Chaville, Catherine Lime-Biffe, qui ne siège pas à l’assemblée communale, il dit avoir avec elle des rapports « cordiaux ».

Les résultats du 1er tour 2007

Caroline Roy (PRG-PS) 21,1%, Annie Dequeant ép. Dassant (FN) 2,7%, Francis Lucet (LO) 0,5%, Pauline Legrand (MNR) 0,6%, Sophie Suchard (PT) 0,3%, Luc Blanchard (Verts) 4%, Jean-Jacques Guillet (UMP) 50,1%, Nicolas Gonnet (PCF) 1,7%, Christine Bezault (LFA) 0,6%, Danièle Raffali (MEI) 1%, Marie-France Cyroulnik (LCR) 1,5%, Delphine Filloux (MSD) 1,4%, Renaud Bouchard (SE) 0,1%, Annick Russo (RH) 0%, Bernard Lehideux (UDF-MoDem) 14,4%