One Planet Summit : beaucoup d’annonces mais très peu de concret…
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par Julien Fosse

Emmanuel Macron a organisé le 12 décembre à la Seine musicale un sommet international pour le climat, en dehors du cadre de l’ONU. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Comme l’a très bien résumé le gouverneur démocrate de Californie, Jerry Brown : « That’s all we do around here is talk ! » (« La seule chose que l’on fait ici, c’est causer ! »)

Réunissant 127 représentants d’Etat, des collectivités locales, des fonds souverains, des assurances, des banques, des mécènes, des entreprises privées, des ONG, des scientifiques, cet évènement devait permettre de lister les actions concrètes mises en œuvre pour atteindre les engagements de l’Accord de Paris. La cinquantaine de chefs d’État présents a ainsi déroulé toute une journée les promesses. Pour vérifier ces déclarations le lancement d’une « One Planet Coalition » a été annoncé. Cette plateforme en ligne devrait permettre de vérifier le respect des engagements pris, au cours d’un sommet équivalent, organisé chaque année. Bien évidemment, aucune sanction n’est prévue pour ceux qui n’auront pas tenu leurs promesses…

A ce stade, il faut relever que douze coalitions de pays – existantes ou nouvelles – ont été annoncées lors du sommet :

  • La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède et les Pays-Bas vont examiner la mise en place d’un prix du carbone significatif et ont appelé à ce que des réformes supplémentaires – sans préciser lesquelles – soient mises en œuvre au niveau européen pour doper le cours de la tonne de CO2.
  • Les représentants du Canada, de la Colombie, du Chili, du Mexique, des États américains de Californie et de Washington, et les provinces canadiennes de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario et du Québec se sont engagés à mettre en place un prix du carbone, sans fixer d’échéance.
  • La coalition « Neutralité carbone » menée par les Îles Marshall et la Nouvelle Zélande, s’élargit à 33 nouveaux acteurs qui s’engagent à publier, au plus tard en 2020, une trajectoire neutralité carbone à l’horizon 2050.
  • La présentation des budgets de l’ensemble des pays de l’OCDE fera apparaître clairement la dimension écologique et climatique. La France, la Suède, le Mexique et le Canada seront pilotes.

Du côté de la Commission européenne, pas grand-chose de concret non plus :

  • Le commissaire à l’Énergie a juste proposé trois nouveaux domaines prioritaires dans lesquels la Commission espère susciter jusqu’à 9 milliards d’investissements privés d’ici 2020. Il s’agit des énergies propres, des villes durables et du transport, ainsi que de l’agriculture.
  • La Commission pourrait alléger les exigences de fonds propres pour les investissements verts, sans pour autant supprimer les mauvais investissements producteurs de CO2…

C’est finalement du secteur financier que sont venues les promesses les plus alléchantes :

  • la Banque mondiale s’engage à ne plus financer l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures après 2019.
  • Le groupe Axa a promis le désinvestissement de près de 2,5 milliards d’euros dans le charbon.
  • 237 entreprises pesant 6 300 milliards de dollars soutiennent désormais les propositions de la Task-Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) créée pour adapter les dépenses financières au changement climatique.
  • L’initiative Climate action 100+ annonce que 225 investisseurs mondiaux pesant 26 300 milliards de dollars s’engagent pour encourager les 100 entreprises les plus émettrices de CO2 à diminuer leurs émissions, sur cinq ans.

En revanche, pas beaucoup d’annonces concernant le financement des petits projets, pourtant cruciaux pour décarboner l’économie et assurer la transition écologique des plus pauvres…

Bref, beaucoup de com, mais pas beaucoup de concret à ce stade. Reste à attendre le prochain sommet pour mesurer l’état d’engagement des annonces et savoir si tout cela n’était qu’un grand coup de com’ et de green-washing.